Vous aimeriez vivre cent ans?
En quelques années seulement, le fait d’être centenaire est devenu beaucoup plus banal et on commence à voir l’âge de cent ans comme un but à atteindre. Et pourquoi pas? Ce serait bête de ne pas se donner comme objectif de vivre le plus longtemps possible, et pourquoi pas jusqu’au chiffre magique? Étant donné le prolongement de la durée de vie des Canadiens, l’espoir de survivre à neuf décades et plus n’est pas utopique, au contraire. Mais, il y a un mais…
Ces centenaires ne sont pas représentatifs
Les centenaires qu’on voit à la télévision en train de fêter avec leurs proches ont été sélectionnés pour les besoins de la télévision. Ces personnes nous semblent très conscientes, allumées même, capables de profiter de la vie et cela nous rassure sur ce qui nous attendrait si on vivait cent ans. En effet, on ne montre pas les centenaires qui sont grabataires ou ceux qui ont à peine conscience du monde extérieur. Or, les centenaires étant toujours un phénomène relativement rare sur l’ensemble de la population, on ne possède pas encore suffisamment de données pour savoir quelle proportion d’entre eux peuvent encore profiter de la vie. Si on connaissait ces données, on serait peut-être moins enthousiastes à l’idée de rejoindre le chiffre magique.
Qu’est-ce que l’espérance de vie?
En 2017, l’espérance de vie des Canadiens était de 82,25 années. Notre tendance naturelle est de penser de la façon suivante : « Si je continue de prendre soin de ma santé et s’il ne m’arrive rien de fâcheux comme un accident d’auto, alors je peux raisonnablement m’attendre à atteindre au moins cet âge-là. » Mais ce raisonnement est faux.
L’espérance de vie pour une année donnée, disons 2017, est la durée de vie estimée pour un enfant né cette année-là. Il est estimé que les bébés nés en 2017 vivront en moyenne jusqu’à 82,25 ans. Cette espérance de vie ne s’applique donc pas à moi ou à vous mais seulement aux bébés de 2017. L’espérance de vie est calculée en faisant la moyenne des âges où sont survenus les décès durant cette année-là. Puisqu’il s’agit d’une moyenne, cela veut dire que grosso-modo, on prévoit que la moitié de ces bébés mourront après l’âge de 82,4 ans et l’autre moitié avant. (Cette dernière affirmation n’est pas tout à fait exacte mathématiquement mais je voulais vous éviter les détails).
Le concept de l’espérance de vie repose sur la supposition que les facteurs qui affectent la santé au Canada resteront stables tout au long de la vie de ces bébés. Mais évidemment, ce n’est pas le cas. De nombreux facteurs et événements peuvent affecter l’espérance de vie d’une population et celle-ci ne fait pas que monter, elle peut parfois descendre. L’espérance de vie a considérablement augmenté ces dernières décennies, en grande partie à cause de la réduction dramatique de la mortalité infantile due, entre autres choses, à la vaccination systématique des enfants. Mais les adultes ont aussi vu augmenter leurs chances de vivre vieux grâce à la prévention et l’amélioration dans le traitement des maladies qui étaient autrefois fatales.
En 2017, l’espérance de vie des Canadiens a stagné par rapport aux années précédentes en raison de la crise des opioïdes qui a fait plus de 4 000 victimes-des jeunes pour la plupart-en une année. La pandémie liée au Coronavirus aura certainement un effet négatif sur l’espérance de vie étant donné qu’un bon nombre de personnes âgées sont mortes prématurément. Ainsi, les bébés nés en 2020 auront une espérance de vie plus courte que ceux 2017, même s’ils ne seront pas personnellement affectés par la crise sanitaire actuelle. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/190530/dq190530d-fra.htm
Alors, comment faire pour connaitre notre espérance de vie à nous? Est-ce qu’il suffit de trouver l’espérance de vie des bébés de 1950 ou de 1954 par exemple? Non plus. Mon espérance de vie quand je suis née était de 73 ans pour les femmes. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-630-x/11-630-x2016002-fra.htm Ce chiffre reflète les conditions de vie à ce moment-là. Depuis l’année de ma naissance, la médecine a évolué de façon fulgurante de sorte que mon espérance de vie est vraisemblablement beaucoup plus longue que celle qui était prévue en 1954. Pour tenir compte de cette évolution, l’espérance de vie pour les diverses tranches d’âge est constamment ajustée en fonction de la nouvelle donne. En 2019, une personne de 60 ans peut compter sur, en moyenne, une vingtaine d’années de vie, ce qui est pas mal mieux que ce qu’on lui prédisait en 1954. Je souligne le « en moyenne » car nous avons tendance à penser que l’espérance de vie est une sorte de plancher, un minimum qu’on devrait pouvoir atteindre. Mais non, désolée, c’est une moyenne. Voici les données de l’Institut de la statistique du Québec sur l’espérance de vie à la naissance et à 65 ans.
https://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/population-demographie/deces-mortalite/4p1.htm
L’espérance de vie est un reflet de l’état de santé général d’une population et des facteurs qui l’influencent. C’est une statistique utile pour prévoir les besoins et pour effectuer une meilleure planification des services. Elle permet aussi une base de comparaison concrète entre les pays. Au niveau individuel, ce n’est pas une référence utile. Oubliez l’espérance de vie et concentrez- vous plutôt sur votre état de santé réel. Faire un bilan de santé avec son médecin reste toujours la meilleure façon d’envisager sa longévité de façon réaliste.
Effectivement, les vieux se ressemblent quand leur santé s'est bien dégradée et qu'ils n'ont plus une grande qualité de vie et automatiquement, perdent leur personnalité...ce qui ne les différencie pas...qu'est-ce que ça donne, rendu là ? Bon article !