Une critique du livre de Réjean Hébert, Soigner les vieux
Des livres qui parlent de nous
Les livres m’ont beaucoup appris sur la retraite et sur la vieillesse. Sur le sujet de la retraite, il existe littéralement des milliers de livres qui disent tous à peu près la même chose. Il y en a peu qui remettent en question les valeurs sous-jacentes à une retraite dorée -par exemple, pourquoi arrêtons-nous de travailler quand nous en sommes encore capables? - et le fait que la retraite est une étape agréable, mais seulement si on n’est ni pauvre, ni malade et qu’on ne vit pas dans un pays du Tiers-monde.
Sur la vieillesse, on trouve des bouquins qui nous expliquent ce qui va nous arriver : pertes cognitives, perte osseuse et musculaire, etc. les divers aléas du vieillissement. C’est pas joyeux mais ces livres ont le mérite de nous avertir à l’avance de ce qui s’en vient. Plus rares sont les livres qui parlent de l’expérience de la vieillesse : Comment on se sent quand on est vieux? À quoi pensent les personnes âgées? La mort est-elle présente à leurs esprits?
Jusqu’à tout récemment, ils étaient peu nombreux les écrivains qui se hasardaient à aborder ces questions. Certes, Montaigne a bien parlé de sa vieillesse et de la vieillesse en général. En 1970, Simone de Beauvoir a pondu une brique de 600 pages, un ouvrage érudit qui touche à tous les aspects de la vieillesse, y inclus le traitement réservé aux vieux dans la littérature, la médecine et dans la société en général. Mais, fait révélateur, quand elle avait annoncé à son entourage son intention de se pencher sur ce thème, on lui avait dit : « Quelle idée, c’est triste, c’est morbide ». Les choses ont un peu évolué aujourd’hui mais pas tant que ça.
Les écrivains de fiction plus âgés ont tendance à raconter des histoires sur des plus jeunes qu’eux-mêmes. Comme s’ils considéraient que leur propre génération n’était pas un terreau fertile à la fabrication de fictions. Il semble que les vieux ne peuvent plus vivre d’histoires sauf celle de vieillir, bien évidemment. Dans la littérature comme dans les films, les histoires de vieux n’ont pas la cote. Mais à mesure que les écrivains baby-boomers arrivent à la soixantaine et au-delà, il s’en trouve de plus en plus qui osent parler de leur propre vieillesse ou de celle des autres. Je pense au délicieux livre de Julian Barnes « Rien à craindre » qui parle de la mort de ses parents et de sa mort éventuelle, mais sur un ton tellement léger que ça donne le goût d’y arriver tout de suite! Toutefois, il faut être un écrivain déjà connu pour que les éditeurs permettent cette petite trempette dans les eaux de la vieillesse. Sinon, ce n’est pas vendeur auprès de l’ensemble du lectorat.
Mon choix de livres est au hasard; ce sont les livres qui m’ont touchée ou m’ont appris quelque chose de particulier sur le fait de vieillir ou sur la retraite. Une certaine proportion sont en anglais et certains n’ont pas été traduits. Je m’en excuse auprès de ceux qui ne lisent pas l’anglais ou que cela pourrait déranger. Jusqu’à présent, je constate que les auteurs anglo-saxons se sont plus souvent penchés sur le sujet de la mort et de la vieillesse que les Français et les Québécois et mon choix de livres reflète cette situation. Mais je serais heureuse de recevoir vos suggestions de livres écrits en français et qui traitent de ces questions.