La retraite
Introduction
Depuis 2016 que j'ai commencé à donner des séminaires sur la retraite et que j'écris sur le sujet, ma vision de la retraite a évolué. J'avais commencé par m'inspirer de la pléthore de livres écrits sur la retraite, des livres qui se ressemblent tous un peu. J'ai constaté que ces livres de recettes pour une bonne retraite sont très largement basés sur des valeurs très nord-américaines, notamment le bénévolat, la productivité, l'activité, la grégarité, etc. Des normes qu'on applique difficilement à moins que les circonstances idéales soient réunies: sécurité financière, santé, moyens de transport indépendant, éducation, etc. Bref, les guides de retraite s'adressent surtout aux privilégiés qui bénéficient de tous ces avantages.
À force de cotoyer des gens à la retraite, je constate aussi comment les styles de retraite sont très variés et que ce qui convient à l'un ne convient pas nécessairement à l'autre. Pourtant, nous recevons des conseils de toutes parts sur les bonnes façons de mener notre retraite. Quelquefois, ces conseils peuvent nous amener à nous sentir incompétents ou inadéquats en tant que retraités. Suis-je en train de vivre la retraite qu'il faut? Suis-je assez actif? Mais à chacun sa retraite. L'important c'est de commencer par bien se connaître, d'analyser ses besoins et ses limites et de prioriser ses objectifs. Par conséquent, mon approche face à la retraite est non-directive et vise à présenter des possibilités. J'aime aussi remettre certaines valeurs en question, comme par exemple, pourquoi prenons-nous notre retraite?
Articles
Réflexions sur le sentiment d'inutilité durant la retraite et la vieillesse
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Quelques avis d'experts sur les façons d'utiliser son temps
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Une réflexion sur des notions pas tellement utiles: productivité et activité
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Les hommes et les femmes prennent-ils leur retraite différemment?
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Les réponses des lecteurs à la question à savoir s'il existe des différences entre les hommes et les femmes dans leur façon de vivre leur retraite
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La vieillesse
Introduction
Comment parler de la vieillesse? Pour plusieurs c'est un sujet tabou et d'utiliser le mot «vieux» est offensant. Et pourtant, nous passons tous par là. À moins de mourir jeune, ce que nous ne désirons pas. En passant, je ne me gêne pas pour utiliser le mot « vieux » et « vieille» et je m'expliquerai là-dessus dans un autre article.
Jusqu'à présent, la vieillesse a été décrite comme un phénomène surtout médical: nos pertes, nos incapacités, les dangers qui nous guettent. Ce sont surtout les gérontologues ou les gériatres, qui la plupart du temps sont encore jeunes, qui nous ont décrit à nous-mêmes et qui nous ont dit ce que nous allions devenir. Loin de moi l'idée de contester ce qui est su et connu du processus physique du vieillissement. Je ne suis pas médecin ni experte du vieillissement.
Toutefois, la partie qui manque dans ces écrits scientifiques c'est comment on se sent quand on est vieux. Notre vision de la vie est-elle différente? Quel regard posons-nous sur la vie? Que veut dire être vieux pour nous? Regrettons-nous notre jeunesse? Les écrits les plus pertinents que j'aie lus sur ces questions proviennent de personnes qui sont rendues là. Mon but est de parler de vieillesse non pas avec le regard d'un spécialiste mais avec le regard d'une personne vieillissante et qui dans pas si longtemps, sera vieille. Si la vieillesse est une maison qu'on habite, je veux la décrire de l'intérieur plutôt que de l'extérieur.
Articles
Est-ce qu'on devient plus sage en vieillissant? Y-a-t-il plus de sages parmi les personnes âgées?
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Des réflexions sur la perception du temps quand on vieillit
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Garder un esprit jeune ou un coeur jeune n'est pas la recette du vieillissement positif
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Résumé du film de Fernand Dansereau Le vieil âge et l'espérance
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Notre place dans la société
Introduction
Le regard qu'on pose sur nous
Les personnes âgées encore ciblées
Il existe beaucoup de mythes et de stéréotypes sur les personnes âgées. C’est aussi vrai pour tout autre groupe marginalisé : les femmes, les minorités ethniques, raciales ou sexuelles, les personnes ayant un handicap, les immigrants et ainsi de suite. Mais alors que les blagues ou commentaires sexistes, homophobes et racistes sont désormais considérés inacceptables et sont enfin bannis de l’espace public, les personnes âgées constituent encore de très bonnes cibles. Et cela est toléré et même considéré anodin y inclus par les personnes âgées elles-mêmes. Mais d’abord quelques définitions afin de bien situer le contexte.
Mythes et stéréotypes : définitions
Un mythe est une affirmation absolument fausse. Par exemple, le mythe comme quoi l’autisme serait causé par le vaccin contre la polio ou par l’attitude des parents. C’est archi-faux; c’est un mythe, une légende à jeter aux poubelles et oublier pour toujours.
Le stéréotype est plus subtil car son point de départ est souvent en lien avec la vérité. Le stéréotype, c’est quand on prend une caractéristique présente chez certains membres d’un groupe et qu’on la généralise à tous les membres du groupe. Dans le cas de l’autisme, ce pourrait être l’idée que les autistes ne regardent jamais les gens dans les yeux. Certains autistes ont cette caractéristique mais plusieurs n’ont pas de problème de communication. Si on affirme « Les autistes ne regardent pas les gens dans les yeux » il s’agit d’un stéréotype.
Les stéréotypes ne sont pas toujours négatifs, il y en a qui sont relativement inoffensifs ou même quelquefois positifs (par exemple, l’idée que les enfants asiatiques travaillent toujours bien à l’école). Bien entendu, les pires stéréotypes sont ceux qui sont péjoratifs -ce sont alors des préjugés- ou qui enferment le groupe concerné dans un rôle limitatif. Par exemple, celui qui dit les femmes sont intuitives…et donc, elles ne seraient pas adaptées aux fonctions où un esprit rationnel est requis.
Les médias -et même ceux qui s’adressent aux personnes âgées- fourmillent de mythes et stéréotypes sur les seniors. Nous les entendons tout autour de nous; quelquefois nous les intégrons dans notre propre subconscient et nous les resservons à d’autres. Vite, si vous lisez la phrase : « Le conducteur du premier véhicule, un octogénaire, a subi des blessures mineures », qu’est-ce que vous vient tout de suite à l’esprit? Que l’octogénaire était probablement responsable de l’accident?
La plupart des stéréotypes et mythes que nous entendons sur les personnes âgées sont péjoratifs. En général, ils traduisent la peur et le refus de la vieillesse mais aussi un désir d’exclure les personnes âgées de l’ensemble de la société, tout comme pour les immigrants, les minorités raciales ou sexuelles, etc. En voici quelques exemples, parmi les plus fréquents.
- La majorité des personnes âgées conduit mal la voiture automobile.
- Les aînés sont conservateurs et font obstacle au progrès.
- Les séniors résistent aux nouvelles technologies.
- Les personnes âgées sont indifférentes aux grands enjeux de la société et en particulier aux questions environnementales.
- Les vieux sont fragiles, vulnérables et dépendants.
- Ils sont tristes et regrettent le passé.
- Le vieillissement de la population va épuiser notre système de santé.
- Les employés plus âgés ne s’adaptent pas facilement à de nouvelles façons de faire.
- Etc.
Plusieurs de ces affirmations sont des stéréotypes mais se pourrait-il que ce soit en fait des mythes? C’est-à-dire, faux, faux, faux? Au fil des semaines, je vous reviendrai sur certaines de ces affirmations. Il importe de prendre conscience de ces stéréotypes et mythes et de les combattre car ces idées modulent la vision de l’ensemble de la société sur ses aînés.
L’âgisme
Dans cette section, je traite aussi d’âgisme. L’âgisme c’est ce qui arrive quand les actions et attitudes des gens envers un groupe sont déterminées par un ensemble de stéréotypes et de préjugés. On pourrait dire que c’est de la discrimination contre les personnes âgées. Par exemple, le fait que les travailleurs plus âgés soient presque invariablement poussés vers la retraite alors qu’il n’y a rien qui les y oblige. Le fait que c’est difficile pour un travailleur de plus de 50 ans de se replacer ailleurs.
On a beaucoup parlé dernièrement de racisme systémique contre les Noirs aux États-Unis ou contre les autochtones au Canada. Peut-on affirmer qu’il existe un âgisme systémique (c’est-à-dire mis en place et maintenu par les institutions) dans notre société? Je ne le sais pas et je ne crois pas que quiconque se soit penché sur la question jusqu’à présent. La question de déterminer s’il s’agit d’âgisme systémique n’est sans doute pas cruciale à ce débat. Toutefois, on est bien forcés, quand on y regarde de plus près, de constater que cet âgisme est omniprésent dans la société, dans le regard des autres sur nous. On s’en reparle.
Articles
Une exploration du traitement des vieux dans diverses sociétés anciennes et modernes
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Une réflexion sur ce qu'il faut pour aimer ou apprécier les personnes âgées
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Quelques remarques sur la culpabilisation des familles et des proches aidants
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Les CHSLD ne sont pas si pires qu'on le dit: commentaires sur deux livres qui portent sur les CHSLD
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Des malentendus similaires ont influencé les idées sur le vieillissement et sur la ménopause
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Une réplique à la question « Comment on fait pour rester pertinent à 80 ans? »
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Des méfaits de l'âgisme et de la rectitude gérontologique
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Comment parler de la vieillesse dans un monde de rectitude politique
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Commentaires sur le livre Une apparition de Sophie Fontanel
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Des livres
Introduction
Des livres qui parlent de nous
Les livres m’ont beaucoup appris sur la retraite et sur la vieillesse. Sur le sujet de la retraite, il existe littéralement des milliers de livres qui disent tous à peu près la même chose. Il y en a peu qui remettent en question les valeurs sous-jacentes à une retraite dorée -par exemple, pourquoi arrêtons-nous de travailler quand nous en sommes encore capables? - et le fait que la retraite est une étape agréable, mais seulement si on n’est ni pauvre, ni malade et qu’on ne vit pas dans un pays du Tiers-monde.
Sur la vieillesse, on trouve des bouquins qui nous expliquent ce qui va nous arriver : pertes cognitives, perte osseuse et musculaire, etc. les divers aléas du vieillissement. C’est pas joyeux mais ces livres ont le mérite de nous avertir à l’avance de ce qui s’en vient. Plus rares sont les livres qui parlent de l’expérience de la vieillesse : Comment on se sent quand on est vieux? À quoi pensent les personnes âgées? La mort est-elle présente à leurs esprits?
Jusqu’à tout récemment, ils étaient peu nombreux les écrivains qui se hasardaient à aborder ces questions. Certes, Montaigne a bien parlé de sa vieillesse et de la vieillesse en général. En 1970, Simone de Beauvoir a pondu une brique de 600 pages, un ouvrage érudit qui touche à tous les aspects de la vieillesse, y inclus le traitement réservé aux vieux dans la littérature, la médecine et dans la société en général. Mais, fait révélateur, quand elle avait annoncé à son entourage son intention de se pencher sur ce thème, on lui avait dit : « Quelle idée, c’est triste, c’est morbide ». Les choses ont un peu évolué aujourd’hui mais pas tant que ça.
Les écrivains de fiction plus âgés ont tendance à raconter des histoires sur des plus jeunes qu’eux-mêmes. Comme s’ils considéraient que leur propre génération n’était pas un terreau fertile à la fabrication de fictions. Il semble que les vieux ne peuvent plus vivre d’histoires sauf celle de vieillir, bien évidemment. Dans la littérature comme dans les films, les histoires de vieux n’ont pas la cote. Mais à mesure que les écrivains baby-boomers arrivent à la soixantaine et au-delà, il s’en trouve de plus en plus qui osent parler de leur propre vieillesse ou de celle des autres. Je pense au délicieux livre de Julian Barnes « Rien à craindre » qui parle de la mort de ses parents et de sa mort éventuelle, mais sur un ton tellement léger que ça donne le goût d’y arriver tout de suite! Toutefois, il faut être un écrivain déjà connu pour que les éditeurs permettent cette petite trempette dans les eaux de la vieillesse. Sinon, ce n’est pas vendeur auprès de l’ensemble du lectorat.
Mon choix de livres est au hasard; ce sont les livres qui m’ont touchée ou m’ont appris quelque chose de particulier sur le fait de vieillir ou sur la retraite. Une certaine proportion sont en anglais et certains n’ont pas été traduits. Je m’en excuse auprès de ceux qui ne lisent pas l’anglais ou que cela pourrait déranger. Jusqu’à présent, je constate que les auteurs anglo-saxons se sont plus souvent penchés sur le sujet de la mort et de la vieillesse que les Français et les Québécois et mon choix de livres reflète cette situation. Mais je serais heureuse de recevoir vos suggestions de livres écrits en français et qui traitent de ces questions.
Articles
Une critique du livre de Réjean Hébert, Soigner les vieux
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Un commentaire sur le roman de Michèle Ouimet qui porte sur la vie en résidence
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Une critique du livre de Jocelyne Robert Vieillir avec panache
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Quelques citations du livre d'André Major Les pieds sur terre
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Commentaires sur quelques livres qui parlent de vieillesse
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Commentaires sur le livre Balade avec Épicure de Daniel Klein
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Des films
Introduction
Où sont les personnes âgées au cinéma?
Les personnes âgées occupent environ 17 % des sièges dans les cinémas américains et canadiens mais leur présence en tant que personnages de film est beaucoup moindre. Une étude effectuée en 2015 par l’École de communication et de journalisme de l’université de la Californie du Sud montrait que les aînés n’occupent qu’une toute petite place dans les films produits à Hollywood. Sur les quelques 4 000 personnages des films du « Top 100 » qui ont été analysés dans cette étude, seulement 11% étaient des personnes âgées. Quant aux rôles principaux tenus par des seniors, il n’y en avait que dix sur les 100 films.
Ceci n’a rien pour nous surprendre. Ce résultat fait écho à ce que nous savons déjà sur la représentation des femmes ou des minorités raciales et ethniques au grand écran. Après tout, Hollywood c’est Hollywood. C’est une industrie qui est menée par le tiroir-caisse et on comprend que les histoires de seniors soient laissées de côté pour des histoires plus affriolantes.
Malgré tout, même à Hollywood, on commence à voir de plus en plus de films dont les rôles principaux sont occupés par des personnes âgées. Pensons à « Monsieur Schmidt », « L’Hôtel Marigold » ou d’autres films du même acabit. Mais comment dépeint-t-on les personnes âgées dans ces films? L’étude citée précédemment concluait que si des efforts notables sont faits pour montrer les seniors sous un jour positif, les clichés et stéréotypes restent tout de même bien présents. Les seniors sont souvent difficiles, égoïstes, dépassés, incapables de s’adapter, etc. Si d’aventure, ils s’impliquent dans des affaires ou des activités normalement réservées aux plus jeunes, alors ils deviennent carrément ridicules.
Le fait de montrer des personnes âgées dans des rôles principaux représente déjà un progrès. Aller au-delà des stéréotypes c’est encore mieux. Toutefois, si ces films, tout en étant sensibles et respectueux, se cantonnent dans des choses de « vieux », telles que la vieillesse et la mort, ça reste un problème. C’est comme si tous les films portant sur des trentenaires ne parlaient que de bébés, carrière et hypothèque. Les vieux sont-ils autre chose que leur vieillesse? Où sont les films où les personnes âgées font face à des enjeux en tant qu’êtres humains? En tant que parent, enfant, travailleur ou artiste? En tant que citoyen, visionnaire, contributeur à la société? Certes, il y a en a, mais pas beaucoup.
De quoi parle-t-on et comment parle-t-on de nous dans ces films? C’est la question que je vais me poser dans cette section. Je vous invite également à m’envoyer vos commentaires sur des films que vous auriez vus et qui parlent de vieux, de vieillesse ou de vieillissement.
Articles
Commentaires sur le film L'heure d'été et en particulier concernant la valeur de nos possessions
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